Frank ALÉTRU,
Président du Syndicat National d’Apiculture (SNA)
Président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Quand la PAC reconnaît l’importance des ruchers-écoles

La future PAC, que Bruxelles annonce comme encore plus verte à partir de 2023, devra donner un soutien plus marqué aux mesures agro-écologiques. Selon les derniers chiffres publiés par l’Agence bio fin 2019, 2,3 millions d’hectares étaient cultivés en bio, soit 8,5% de la surface agricole utile française, mais l’objectif des 15% annoncé par le ministre ne sera pas atteint au terme du quinquennat. Le calendrier s’accélère et le gouvernement français souhaite présenter, avant l’été, son « Plan stratégique national » (PSN), une sorte de PAC nationale que la France devra soumettre à Bruxelles comme tous les autres États membres. C’est une des nouveautés de la PAC 2021-2027 qui pourra donner une souplesse aux États membres permettant de s’adapter aux spécifi cités locales.

C’est dans ce cadre que Bruxelles propose que les ruchers-écoles soient éligibles aux aides européennes.

Fort de cette reconnaissance européenne et de la centaine de ruchers-écoles qu’animent les adhérents du Syndicat national d’apiculture, les représentants du SNA ont soutenu et défendu fermement le maintien de cette aide devant le Conseil d’administration
de l’interprofession « InterApi » qui sans aucun scrupule envisageait de refuser l’attribution de ces aides aux ruchers-écoles dont le rôle essentiel était enfin reconnu par l’Europe. Un tel refus est d’autant plus inacceptable lorsque l’on sait que le montant des aides européennes à l’apiculture est attribué en prenant en compte, entre autres critères,
le nombre de ruches déclaré par chaque État membre, un nombre qui prend bien en compte les ruches détenues par les apiculteurs, petits-producteurs !

Faut-il donc rappeler que 45% des ruches sont exploités par des apiculteurs petits producteurs et que, proportionnellement, il pourrait leurs revenir 45% du budget européen ? Faut-il une fois de plus rappeler que c’est au sein de ces ruchers-écoles que sont dispensées les bases de l’apiculture aux nouveaux venus ?

Faut-il redire que sans ces ruchers-écoles, les carences en formation sanitaire apicole auraient des conséquences dramatiques sur tout le cheptel apicole français ?

Faut-il rappeler que ces ruchers-écoles sont aussi un des creusets des futurs apiculteurs professionnels et qu’aujourd’hui ils forment bon nombre d’agriculteurs aussi apiculteurs ?

Comme dans les autres filières agricoles, la très grande majorité des apiculteurs professionnels ou pluriactifs ont plus de 50 ans et bientôt se posera la question de la transmission de leurs exploitations apicoles.

Pour toutes ces raisons, l’Interprofession (InterApi) ne peut en aucune manière s’opposer au développement et à la modernisation des ruchers-écoles, et au contraire devrait leurs vouer un minimum de reconnaissance, de respect et de soutien. Ceci d’autant plus que le budget sollicité sera bien loin des 45% du budget total alloué à l’apiculture !

L’apiculture française est plurielle, c’est ce maillage territorial de petits producteurs et de ruchers qui garantit la pollinisation et qui maintient aussi l’activité économique des fabricants et distributeurs de matériel apicole.

L’apiculture est dépendante des surfaces agricoles cultivées et des espaces naturels. Selon la dernière enquête Teruti publiée par le ministère de l’agriculture en avril dernier, en France métropolitaine, les surfaces agricoles recouvrent 52% du sol, mais elles ont perdu 2,4 millions d’hectares depuis 1982, tandis que la surface des sols artificialisés progresse de 2,9 millions d’hectares en 1982 à 5 millions en 2018, boostée par l’augmentation importante de l’habitat individuel. Les espaces naturels représentent 39% des surfaces en France métropolitaine, mais 48% du territoire national en incluant les DOM. En moyenne, près de 66 000 ha de terres agricoles ont disparu chaque année (- 0,2%). Face à un tel constat, nous devons tout mettre en œuvre pour garantir et améliorer la ressource
alimentaire de nos abeilles, soutenir toutes les initiatives de replantation de haies, de bois et de forêts, ainsi que la mise en place de prairies mellifères.

La météo capricieuse de ce début d’année n’a pas été favorable pour la miellée sur une bonne partie des régions de France et le gel a annulé les espoirs de récolte de miel d’acacia dans les zones à floraison précoce. Un point positif ce printemps : la réduction des accidents dus aux intoxications des abeilles.

En revanche, un point négatif que celui de l’augmentation des vols de ruches. Alors soyons tous vigilants et améliorons l’identification de notre matériel ainsi que la surveillance des
ruchers, nous reviendrons prochainement sur ce sujet.

En attendant, bonne récolte et bon travail en miellerie !

 


SOMMAIRE

3 Édito
Quand la PAC reconnaît l’importance des ruchers-écoles

6 Actions juridiques
Ré-autorisation des néonicotinoïdes

8-9 Plan national lutte frelon asiatique
– Le nid primaire
– Où en est-on ?

10 Chasseur d’images

10 Interview

12 Multiplication & élevage
Materapis ou Materanicapis, … ou une « Maternité » pour essaims !

16 Alimentation
Besoins nutritionnels des abeilles et stratégie de nourrissement – POUR

20 Revue des revues
Supplémenter en pollen n’est peut-être pas si utile que ce que vous pensez… – CONTRE

24 La rubrique du néophyte
Mai : il y a tant à faire au rucher !

28 Un temps d’avance
Le mois d’après : juin 2021

32 Réponses aux lecteurs

38 L’esprit des mots
« Le faux singe et l’abeillaud »

40 Savoir apicole
Le miélomètre

42 Société centrale d’apiculture
L’autonomie en apiculture ou la réalisation de soi

46 Conseils & astuces
Un pèse-ruche précis et économique

48 Planète miel
Contrôle et traçabilité des produits de la ruche par la palynologie – 4

50 Recettes au miel
– Salade de chou rouge, noix et vinaigrette au miel du maquis corse
– Gâteau des abeilles

52 Librairie

56 Vie des structures apicoles

58 Petites annonces

61 Abonnement & assurances

62 Infos pratiques