BOLIVIE : le soja GM interdit prolifère.
Deux réalités, très distinctes, s’affrontent. D’un côté, à l’ouest, les montagnes des Andes, la culture indigène, les maïs et les pommes de terre créoles ; d’un autre, à l’est, l’Amazonie, la forêt tropicale et sa disparition progressive au profit des cultures de soja transgénique, des très grandes propriétés, une agriculture intégrée dans le négoce international. Evo Morales, le Président de la République plurinationale de Bolivie, est coincé entre un discours anti-impérialiste, défenseur de la Nature (Terre Mère) et des Peuples, opposé au brevet sur le vivant et les OGM, et une réalité économique, la culture du soja, bien enracinée, qui génère d’importantes rentrées d’argent. La Bolivie est en effet le huitième plus gros producteur mondial de soja (après les États-Unis, le Brésil, l’Argentine, la Chine, l’Inde, le Paraguay et le Canada) et cette culture est la deuxième source de revenus après les hydrocarbures. Mais cette manne économique n’est pas répartie équitablement et ne rapporte que peu aux caisses de l’État.
La Chine ne veut pas se faire envahir par les OGM
La réticence chinoise devant les plantes génétiquement modifiées (PGM) s’est accrue, au cours de l’année 2013 : la région de Gansu a adopté un étiquetage obligatoire, considérant que la législation nationale en la matière n’était pas suffisamment appliquée, la ville de Zhangye a interdit les cultures GM sur son territoire, et les douanes chinoises ont renvoyé à l’expéditeur plusieurs centaines de milliers de tonnes de maïs GM non autorisés par les autorités nationales…
ETATS-UNIS – Dow AgroScience souhaite commercialiser des maïs et soja OGM tolérant l’herbicide 2,4-D
L’entreprise Dow Agrosciences (U.S.A.) a déposé en 2010 et 2011 trois demandes d’autorisations commerciales pour des plantes génétiquement modifiées (PGM) pour tolérer des herbicides à base de 2,4-D. En janvier 2014, le ministère de l’Agriculture a publié une évaluation des dites PGM et vient de la soumettre, comme l’exige la législation, à la consultation du public. Les oppositions ne se sont pas fait attendre.
TURQUIE – Suspension de deux maïs OGM autorisés à l’importation
Le Conseil d’État turc a suspendu, le 13 décembre 2013, les autorisations d’importer deux maïs transgéniques, le MON810 et le MON- 810xMON88017. Interrogé par Inf’OGM, Greenpeace Turquie a tenu à préciser qu’il ne s’agit pas d’une annulation des autorisations.
ETATS-UNIS – Un deuxième Etat vient d’adopter l’étiquetage obligatoire des OGM, le Maine
http://www.infogm.org/spip.php?article5591,5579, 5595, 5598, 5586 Le 9 janvier 2014, le gouverneur de l’état du Maine, M. LePage, a signé la loi qui rend l’étiquetage des OGM obligatoire. C’est le second état qui permet aux consommateurs de choisir de soutenir une agriculture sans OGM. Le Connecticut avait adopté une telle réglementation en 2013, mais avait conditionné sa mise en oeuvre à l’adoption de telles lois dans cinq autres états. La loi adoptée dans le Maine, elle aussi, ne rentrera en vigueur que si d’autres états s’engagent dans une telle politique de transparence. Les campagnes citoyennes en faveur d’un tel étiquetage, déjà très actives, vont prendre une nouvelle ampleur.
Christophe NOISETTE (noisette@infogm.org)
Impuissance scientifique à modéliser la coexistence OGM ou évidence paysanne de son impossibilité, que choisira le Ministre de l’Écologie ?
Alors que le Ministre s’apprête à prendre un nouvel arrêté destiné à encadrer les cultures de maïs OGM en 2014, il est aujourd’hui indispensable de porter à sa connaissance, ainsi qu’à celle du public, des résultats d’expérimentations qui, malgré l’absence de validation scientifique, gardent la valeur de faits constatés et incontestables : la coexistence entre maïs OGM et maïs populations ou biologiques est impossible.
Interpellé en 2006 par le Réseau Semences Paysannes (RSP), un laboratoire de l’Inra a mené en 2007 avec Agrobio Périgord (AgP) une expérimentation destinée à mesurer les risques de contamination des semences paysannes de maïs «population»* que pourraient générer des cultures de maïs OGM.
Le taux légal de contamination des semences par des OGM est de 0. Dans la pratique, une certaine tolérance est admise pour des raisons techniques jusqu’à 0,1 %. Au delà, l’addition des éventuelles contaminations fortuites et inévitables lors des cultures risquerait de provoquer trop souvent un dépassement du taux légal de « présences fortuites » dans les récoltes qui doit rester inférieur à 0.9%.
En 2008, des contaminations importantes ont été constatées dans un champ de maïs population blanc situé sous le vent d’un champ de maïs hybride jaune : 0,75 % à 50 mètres, 0,1% à 175 mètres.
Si le maïs jaune était une variété contenant un seul transgène comme le MON 810, les taux observés seraient divisés par deux. Ils seraient équivalents pour une variété contenant deux transgènes, comme la majorité des OGM cultivés dans le monde qui sont à la fois insecticide et tolérant à un herbicide. Dans les deux cas, si une telle récolte est utilisée comme semence, ce que font tous les paysans qui cultivent des maïs populations, une telle contamination, à laquelle s’ajoutent les inévitables contaminations en culture, donnera, le plus souvent, une récolte dépassant le seuil d’étiquetage OGM obligatoire de 0,9%.
Ce résultat obtenu dans des conditions particulières ne pouvant pas être généralisé, les deux associations ont demandé à l’Inra de poursuivre l’expérimentation. Au cours des années suivantes, cette tendance a été confirmée.
Pourtant, 7 ans après le premier essai, aucune réponse scientifique n’est disponible. Les expérimentations menées entre 2008 et 2011 ont disposé de très peu de moyens financiers et se sont largement appuyées sur le travail des techniciens du RSP et d’AgP : pour l’Inra, les résultats ne sont pas assez solides scientifiquement pour être publiés. En 2006, un autre laboratoire de l’Inra a mis en évidence l’existence de contaminations à très longue distance (Etude de Yves Brunet) : 8 ans après, aucun résultat scientifique n’a été publié. En 2011, la direction de l’Inra a interdit à l’un de ses laboratoires de réaliser un programme de recherche portant entre autre sur le même sujet et financé par le Ministère de l’Écologie. Depuis, aucune autre expérimentation n’a été entamée.
Incapacité ou refus de produire le moindre résultat ? Chacun est libre d’interpréter les faits avec sa propre grille de lecture.
Pour le RSP, AgP et Bio d’Aquitaine, les résultats obtenus de 2007 à 2011, sont amplement suffisants pour montrer que la coexistence entre maïs OGM et maïs populations ou biologiques est impossible.
La seule interrogation qui peut subsister ne concerne que la modélisation du pourcentage précis de contaminations par définition «fortuites», mais «inévitables».
Le RSP, AgP et Bio d’Aquitaine espèrent que l’actuelle absence de preuve scientifique franco-française du risque ne cachera pas aux yeux du Ministre l’évidence du risque OGM pour le bon sens paysan et plus largement pour la société.
* : les variétés de maïs population sont sélectionnées et ressemées par les agriculteurs sur leur ferme chaque année.
BIO D’AQUITAINE