974«…Que l’on se préoccupe réellement des mortalités d’abeilles, en cessant de nous dire que ces pertes ou mortalités sont liées à des causes multifactorielles.

Nous contestons les déclarations et observations de l’AFSSA qui impute essentiellement ces mortalités à Varroa (acarien de l’abeille), que nous connaissons depuis 1987 et maîtrisons parfaitement. Les observations, le constat des apiculteurs et des organismes scientifiques impliqués dans la recherche des causes de disparition et d’affaiblissement de nos colonies tendent à prouver la toxicité de certains produits phytosanitaires, utilisés dans la monoculture, expression de l’agriculture intensive. A propos de l’AFSSA qui ferait l’objet d’un audit, nous exigeons qu’un scientifique apiculteur proposé par le S.N.A. soit intégré à la commission d’enquête.

Nous demandons que les petits producteurs et pluriactifs notamment en zones défavorisées, partenaires de la biodiversité par le nombre des ruches dispersées puissent continuer de vendre librement leur production. Nous craignons en effet que la mise en place systématique du SIRET, l’élévation du seuil de cotisation de solidarité MSA (+ de 50 ruches), la législation sur les petites quantités, la persistance de la France comme de l’Europe à vouloir considérer le miel comme une production animale et non végétale et la soumission au groupement de défense des ovins, caprins, bovins de chaque département, toutes ces contraintes fassent fuir les éleveurs d’abeilles et à terme vident les syndicats de leurs adhérents.

Au plan économique, les petits producteurs de montagne dont l’apiculture constitue un complément de revenu, verraient celui-ci disparaître.

Au moment où l’agriculture prend le virage de l’industrialisation à outrance en éliminant les ressources nectarifères et pollenifères des insectes en général et des abeilles en particulier, l’arrivée presque certaine des cultures OGM, tout ceci démontre à l’évidence la nécessité de

conserver à tout prix le maillage apicole de la France, élément incontournable de la biodiversité.

Enfin, n’oublions pas Cruiser, Proteus et autres systémiques et maintenant le dossier frelon asiatique, dangers réels et supplémentaires devant lesquels l’administration centrale fait la sourde oreille.

Pour toutes ces raisons, nous souhaitons que les élus impliqués dans la gestion de la France entendent les syndicats nationaux dont le nôtre pour prévoir de façon amiable et conservatoire, avec la participation du monde apicole dans son ensemble, les moyens de construire une agriculture durable, rentable pour les exploitants mais aussi soucieuse de notre devenir à tous, hommes, animaux, pollinisateurs dont les abeilles.»

Françoise ROMANZIN
Présidente du S.N.A.

(extrait du discours de l’ouverture officielle lors du XVIIIème Congrès National de l’Apiculture Française au Palais des Congrès du Futuroscope de Poitiers).