champ-colzaLes 3 points

Passée l’effervescence de l’élection, nous avons, à l’issue de la composition des différents Ministères, pris contact avec l’agriculture et l’écologie, toutes deux essentiellement concernées par les problèmes apicoles. Nous avons évoqué nos inquiétudes qui s’inscrivent dans les dossiers suivants : les pesticides dont les doses sublétales sont extrêmement destructrices pour nos colonies, les OGM qui n’ont pas prouvé leur innocuité et dont la majorité des français ne veut pas et le frelon asiatique pour lequel des travaux peu ou pas suffisamment soutenus pour trouver des moyens de lutte efficace, étaient sans réponses réelles de l’Administration. Il nous faudra sans doute encore attendre le devenir de certains Ministères dans les prochaines semaines pour que nous puissions exprimer oralement nos inquiétudes, nos demandes et nos souhaits. Dans le contexte économique difficile actuel ils ne sont pas sources de demandes de crédits considérables mais bien plus de demandes assorties du bon sens, de la bonne volonté et de la compréhension mutuelle de tous les partenaires. Nous n’oublierons pas, comme nous l’avons maintes fois répétés, c’est toujours l’administration qui décide.
Revenons sur quelques faits marquants ces derniers jours :
* Après l’interdiction de la culture du MON 810 en France et la confirmation de cette interdiction par le Conseil d’Etat dans un arrêt du 18 mai 2012, l’EFSA a publié le 21 mai un avis négatif sur la suspension de la mise en culture du maïs génétiquement modifié. Je cite « le groupe d’experts de l’EFSA n’a trouvé dans la documentation remise par la France aucune preuve scientifique démontrant un risque pour la santé humaine ou animale ou pour l’environnement et pouvant justifier l’adoption de mesures d’urgence au sens de l’article 34 du règlement ». Selon M. Frédéric VINCENT porte-parole du Commissaire européen à la santé, M. John DAILY, la Commission réfléchit aux suites à donner à l’affaire. N’oublions quand même pas que Bruxelles a juridiquement le droit de demander à Paris de lever son interdiction. C’est finalement le prochain Conseil des Ministres de l’environnement qui se tiendra le 11 juin à Bruxelles qui débattra du sujet. Nous connaîtrons alors la position du gouvernement français. Le 28 juillet dernier, Monsieur le Président de la République ne s’était pas exprimé sur ce sujet. Nous confirmons qu’en la circonstance le principe de précaution doit prévaloir. Reste que les deux sociétés installées dans la région Midi-Pyrénées ont également saisi le Conseil d’Etat sur le fond, rejointes par l’association générale des producteurs de maïs.
En France, la dernière autorisation renouvelée en 2011 a aussitôt été dénoncée par le SNA comme par d’autres. Le dossier est maintenant entre les mains du Tribunal administratif de Versailles et chacun de nous connaît les lenteurs de cette juridiction. Mais peut-être que les dernières informations susciteront l’envie de trancher sur le sujet. Mais le maïs n’est pas seulement concerné puisque en Suisse du colza génétiquement modifié pousse de façon sauvage dans la région Bâloise. C’est ce que dénonce Greenpeace sur son site. Sur 136 plantes expertisées, 29 se sont révélées modifiées. N’oublions pas que des graines peuvent germer même après plusieurs années de dissémination dans la nature.
* Concernant les AMM Cruiser, c’est avec satisfaction que nous avons appris que le nouveau Ministre de l’Agriculture envisageait de la retirer sur colza.
Les problèmes rencontrés ne s’arrêtent pas seulement aux abeilles et aux autres pollinisateurs. L’être humain est d’abord une première victime et le décret publié le 6 mai au journal officiel marque le début de la reconnaissance des victimes des produits phytosanitaires. Le lien de causalité établi entre la maladie de Parkinson et les pesticides se rapporte aux termes de pesticides, aux produits phytosanitaires et phytopharmaceutiques à usage agricole et aux produits destinés à l’entretien des espaces vertes ainsi qu’aux biocides et aux antiparasitaires vétérinaires. C’est une déclaration qui ouvre de nombreuses portes. C’est aussi un moyen pour l’agriculteur d’être pris en charge en fonction de son taux d’incapacité à poursuivre son travail. Le lien Parkison / pesticides est donc officiellement reconnu.
Le 30 mai ont été présenté les travaux du Laboratoire de Santé, Travail et Environnement de Bordeaux qui ont réussi à démontrer à l’initiative de Madame BALDI que les fonctions cognitives comme la mémoire, la capacité de concentration et la vigilance souffrent de l’exposition prolongée aux pesticides. Au-delà de 10 années, 50 % des viticulteurs souffrent d’une détérioration de leur santé. Les chercheurs confirment également que ceux-ci peuvent favoriser l’apparition de maladies neuro-dégénératives comme Alzheimer. Le recueil des informations s’achèvera fin 2012.
Une bonne nouvelle : le Conseil de l’Union Européenne a adopté en seconde lecture le projet de règlement visant à renforcer le contrôle de la mise sur le marché et l’utilisation de produits biocides regroupant notamment les pesticides à usage non agricole.
Ces biocides sont des produits chimiques destinés à éliminer des organismes nuisibles (insectes, microbes, rongeurs, bactéries), tels que des désinfectants ménagers mais aussi les produits antiparasitaires de traitement du bois, des eaux, les peintures marines.
Cette interdiction des produits ne concerne plus uniquement leur usage dans l’Union Européenne, mais aussi les articles importés. Ce règlement s’appliquera seulement dès septembre 2013 avec comme d’habitude une période transitoire pour certaines dispositions. Mais il faudra attendre dès 2020 pour l’éradication de la totalité. Toutes ces nouvelles sont assorties soit de menaces de décisions contraires de l’Autorité européenne ou bien alors de délais très longs dans l’application définitive des textes. Mais c’est un progrès essentiel du combat porté par non seulement les organisations environnementales et les apiculteurs en particulier mais aussi par tous les citoyens qui pensent que l’on peut vivre autrement.
Reste que certaines nécessités économiques risquent de perturber le bon déroulement de ces évolutions positives. ?