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Il n’est pas facile de reprendre l’éditorial derrière M. Vedrenne et ce magnifique millième numéro.
Février et mars ne furent pas des mois faciles :
• attente du réveil des abeilles,
• estimation des pertes hivernales pour vous
• réunions en tout genre pour les membres du conseil d’administration ou les représentants de votre syndicat
• journées d’étude à Bruxelles pour maintenir la pression
• attente de la décision de la Commission pour l’interdiction des néonicotinoïdes …
Abeilles et pesticides sont au centre des débats au Parlement… Thiamethoxam, imidaclopride et clothianidine sont trois molécules actives de la famille des néonicotinoïdes, plus connues au travers de produits commerciaux tels que Cruiser, Gaucho et Cheyenne (ou Poncho).
Fin janvier, la Commission européenne a proposé aux États membres de suspendre l’usage de ces insecticides pendant deux ans pour les cultures butinées par les abeilles et pour certaines semées au printemps, plus précisément les cultures de colza, tournesol, maïs et coton.
Sont exclues du champ d’application les cultures de betteraves, pommes de terre et céréales semées en automne car elles ne sont pas censées attirer les abeilles… Toutes les formes d’application sont concernées par la proposition de la Commission : les traitements de semences et de sol mais aussi les applications foliaires.
A la mi-mars, aucun accord au niveau européen… Le 15 mars, les représentants des Etats membres, réunis en comité d’experts du Comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale, ne sont pas parvenus à un accord sur la proposition de la Commission européenne de suspendre, pour deux ans, l’utilisation de ces trois néonicotinoïdes. Trop faible mobilisation du monde apicole ? Peu importe car si aucune majorité qualifiée n’a pu être atteinte, la Commission se dit prête à prendre des mesures législatives. Elle devrait à nouveau présenter au vote sa proposition, légèrement modifiée sans doute pour répondre aux demandes de certains Etats membres. Résultat à la fin de ce mois ou tout début mai…
En France, c’est le maïs qui semble plus particulièrement visé par la proposition, car deux produits à base de néonicotinoïdes y sont homologués pour lutter contre les ravageurs du sol : Cruiser 350 (thiamethoxam) en traitement de semences et Cheyenne (clothianidine) en application dans la raie de semis ; sans compter Sonido dont la molécule active, le thiaclopride, n’a pas fait l’objet de conclusion de la part de l’Efsa. La Commission n’en a donc pas tenu compte dans ses propositions.
Prochain produit sur la liste, qui n’est pas de la grande famille des néonicotinoïdes : le fipronil. L’Efsa devait rendre son avis concernant l’utilisation d’un produit à base de fipronil pour les pommes de terre notamment le 31 mars. Nous attendons.
La coordination apicole européenne a besoin de s’organiser et de travailler (vraiment) ensemble pour faire face à l’agrochimie. Nous ne pouvons tolérer que les scientifiques qui ont la tribune soient ceux financés par les firmes, que lors des débats sur la mortalité des abeilles l’unique représentant des professionnels choisi soit le président du groupe des oléo-protéagineux pour nous dire que tout va bien, dans le meilleur des mondes (ses propos sont ici résumés, bien entendu).
Heureusement, les conférences se répondent et lors de la semaine pour les alternatives aux pesticides, ce sont les apiculteurs, Europe Ecologie, les Verts et PAN Europe, qui ont pu inviter d’autres scientifiques et d’autres professionnels pour montrer qu’une agriculture respectueuse des pollinisateurs était possible. Prochains rendez-vous : Parme où les experts du monde entier parleront des problèmes de mortalité des abeilles et des pesticides et Bruxelles, où nous discuterons des moyens de protection des abeilles et autres pollinisateurs.
Tous les jours, de nouvelles preuves de la toxicité des produits phytosanitaires nous arrivent, que ce soit sur les abeilles, les oiseaux, les poissons ou même les hommes… Cela fait une trentaine d’années qu’une protection des cultures plus écologique a été affichée mais depuis lors, ce n’est qu’une évolution discrète…
Aujourd’hui, via l’Europe, un message fort peut être envoyé car les effets négatifs des solutions chimiques traditionnellement préconisées sont reconnus. Que chacun prenne ses responsabilités. Limitons les transferts de pesticides, raisonnons leur consommation et repensons le système productif comme un agroécosystème pour en limiter leur utilisation. Si certains veulent Réussir leurs grandes cultures, certains veulent réussir leur Apiculture !
Certes, je ne suis pas apicultrice professionnelle, mais j’apprends ! Ne négligez pas l’importance de la transmission de votre savoir et de votre savoir-faire, veillez sur vos ruches, vos abeilles, les cultures alentours. Votre syndicat veillera sur vous !
Pour conclure, si vos abeilles vont bien, continuez à veiller car pour reprendre les paroles de William Shakespeare : « Les frelons ne sucent pas le sang des aigles mais pillent les ruches des abeilles. »
En vous souhaitant une bonne saison !