Le choix des maux …

Le Comité Apicole se réunissait ce  lundi 27 septembre puis le Conseil Supérieur  de l’Apiculture le 28. Naturellement  le S.N.A. et l’Abeille de France  étaient présents avec deux, voire trois  représentants et d’entrée nous avons  été informés de la présence d’Aethina  Tumida en Italie. Ce parasite exotique  est classé danger sanitaire en France  (première catégorie).

Il est donc demandé à tous les apiculteurs  d’accroître la vigilance lors des  contrôles de ruchers ou d’identification  du parasite par les Laboratoires  agréés et de sensibiliser tous les acteurs  sur le risque que représente ce  danger. A cet effet, nous avons publié  sur nos deux sites toute la réglementation  connue à ce jour. Il est quand  même curieux de constater que les  dépêches font état de ce parasite  dans deux ruches pièges, c’est-àdire  des essaims venant de ruches  infestées, le tout repéré en Calabre,  la province d’Italie la plus exposée  puisque c’est là que se développe pratiquement  tout l’élevage des essaims et  des reines destinés à l’exportation.  En France, un contrôle effectué chez  un apiculteur ayant importé des reines  s’est avéré négatif.

Ce qui est donc important maintenant  de faire, éviter d’introduire des populations  ou des reines venant d’Italie.  Les contrôles sanitaires seront bien  sûr effectués par les services officiels  français, mais comment voulez-vous  contrôler par exemple l’arrivée de plusieurs  centaines de reines ou d’essaims.

Nous pouvons penser légitimement  que ces importations d’abeilles de l’Espagne  par exemple vont se substituer  progressivement à celles de l’Italie.  Bien sûr cela n’empêchera peut-être  pas les virus qui ne sont pas dans la  liste des maladies de franchir la frontière  mais tout ceci mériterait une  remise à plat du régime général des  échanges d’abeilles au niveau de l’Europe,  comme de la planète.

Pour le moment, la lutte est essentiellement  sur le papier, c’est donc à nous  apiculteurs de nous montrer vigilants  et de refuser de s’approvisionner hors  de notre hexagone alors même que  nous sommes incapables de produire  ce dont nous avons besoin. Cruel dilemme.  Mais un malheur n’arrive jamais  seul pour les apiculteurs européens  puisqu’à notre grande stupéfaction le  frelon asiatique vient d’être découvert  en Allemagne. Allez savoir comment il  est arrivé jusque là-bas.

Les derniers ajustements relatifs à la  définition des S.I.E. sont maintenant  connus. Une liste précise de celles-ci est  calée et le monde agricole sait désormais  ce qui lui permettra de répondre  à l’un des trois critères de verdissement  correspondant à au-moins 5 % des  terres arables de leur exploitation.

Les surfaces portant des plantes fixant  l’azote feront partie de ces ajustements  avec tout de même un point noir : aucune  exigence de pratique particulière  sur ces surface ne sera ajoutée.  Pratique ou usage particulier, c’est le  cas des épandages aériens. Un arrêté  publié au Journal Officiel y met fin avec  toutefois quelques dérogations préfectorales  encore possibles en 2015. Il  est enfin pris en compte les actions de  lutte intégrées compatibles avec l’agroécologie.  Autre épine dans le pied : celle du traitement  des cultures en dehors des heures de butinage. La DGAL* a suivi  l’avis de l’ANSES du 31 mars 2014 qui recommande  une application après l’heure  du coucher du soleil, telle que définie par  l’éphéméride et dans les trois heures suivantes,  dans des conditions  permettant d’assurer  la sécurité et la  santé des applicateurs.

Le spectre de l’organisation  du travail de nuit  est un argument pour  les agriculteurs qui ne  tient pas. En effet, dans  de nombreuses régions, la  campagne des betteraves  après celle des pommes  de terre bat son plein,  puis ce seront les labours  et les semis de blé d’hiver,  et tout cela de jour comme  de nuit..

Cet été, c’étaient ces énormes  moissonneuses batteuses qui  travaillaient jusqu’à la nuit noire pour  récupérer des grains secs. Et puis aussi  ces grands ensembles de labour avec  10 socs qui travaillent la terre et qui  reprennent le chemin de la ferme en se  décrottant sur les routes. Cela ne pose  pas de problème ! Alors, pourquoi poser  un problème avec un «pulvé » qui rentre  à la ferme, bien éclairé, les bras en l’air  et sans gêne aucune pour la circulation.  Sans oublier que certains insecticides  sont plus efficaces le soir, selon les fabricants  et qu’au crépuscule les parasites  sont encore présents sur la plante. Ce ne  serait pas justice selon les protagonistes  de prendre des mesures sur des cultures  non attractives pour les abeilles. Il serait  donc normal d’utiliser des produits phytos  éminemment toxiques sans prendre  en compte aussi les conséquences sur  les autres insectes, sans compter l’espèce  humaine et animale, quantité négligeable  ?

Alors, il y aura des dérogations, même si  la température passe de 12 à 10°. Nous  ne sommes pas contre la dérogation  dans le cas des bruches sur les féveroles  puisqu’il n’y a pas d’autre produit  que celui existant particulièrement nocif  pour les abeilles.

Quant à l’ajout des fongicides et la prise  en compte des adjuvants,  pour le moment  ce problème  est passé à la trappe.  Affaire à suivre donc,  puisque l’adoption du  texte est prévue pour fin  2014 ou début 2015.

Voici bien des sujets qui  auraient pu faire la une du  congrès de Colmar auquel  bien sûr vous allez assister,  mais faute de décision définitive,  sauf pour les épandages,  il est bien difficile de  faire avancer nos idées. De  toutes les façons si nous avons  droit au chapitre et à la parole,  nous avons peu ou pas de prise  sur les décisions définitives. De cela  nous ne pouvons nous satisfaire, nous  le rappellerons donc au Ministre dans la  demande d’audience faite à l’unanimité  par toutes les composantes de l’apiculture  pour un rendez-vous, exception  faite de l’organisation représentative des  agriculteurs qui après s’être mêlée à nos  échanges téléphoniques pour aboutir à  un texte, s’est empressée dès le lendemain  d’y ajouter quelques phrases sibyllines  que nous ne pouvions accepter.

C’est donc le texte uniquement de la  profession apicole dans son ensemble,  de David à Goliath, qui a fait l’unanimité.  Nous nous ajusterons au cours d’une  réunion intersyndicale à Colmar en vue  de préparer cet entretien. Il nous a été  assuré que si nous proposions un certain  nombre de solutions, la bienveillance  gouvernementale nous serait aquise.

Quant à la décision finale face à nos problèmes( ?)

S.I.E. : Surface d’Intérêt Ecologique

D.G.A.L. : Direction Générale de l’Alimentation

ANSES : Agence Nationale de Santé