FLOP(s)

Le Grenelle de l’Environnement prévoyait un plan Ecophyto avec une diminution de 50 % de l’utilisation des pesticides en France. Aujourd’hui, la situation est pire que jamais avec le recours aux fongicides, herbicides, insecticides et autres dont l’agriculture est grande demanderesse (10 % de plus entre 2009 et 2013). Nous occupons donc la troisième place au monde en tant que consommateurs de pesticides.

Ecophyto 2 arrive avec presque un doublement du budget et une incitation pour les distributeurs de pesticides à conseiller à leurs clients, les agriculteurs, d’en utiliser moins.

20 % de baisse en 2020 des NODU, « nombres de doses unités » qui sert de référence en matière de pesticides. Au-delà, les distributeurs seront peut-être sanctionnés. On retiendra dans ce plan l’impasse du développement de l’agriculture biologique alors qu’il devrait atteindre 20 % de surface en 2020 , contre 4 % actuellement et ce devrait être de même pour l’absence de l’interdiction des insecticides de la famille des néonicotinoïdes, particulièrement dangereux pour les pollinisateurs et représentant actuellement 40 % du marché français.

Ce ne sont pas les grands axes de leur révision qui auront beaucoup d’effets, comme par exemple l’optimisation du matériel et le soutien aux produits de biocontrole. Ces mesures ont déjà été prises par certains depuis 10 ans. La réduction se fera à la marge de quelques pourcentages, mais au final le maintien de l’agriculture dans un système dépendant aux pesticides a encore de beaux jours devant lui. Et si l’objectif des 50 % doit être atteint, il ne le sera pas sans contrainte et accompagnement des filières vers des systèmes alternatifs. Il faudra alors réellement appliquer et valoriser certaines des mesures prises dans le rapport Potier (évolution des systèmes de culture, développement de l’Agriculture Biologique, récompense aux plus vertueux, sanction pour les autres et certificats d’économie de pesticides avec un objectif contraignant pour les distributeurs. Ensuite la formation (initiale et continue) à des modes de cultures alternatives devra s’accentuer et le transfert des connaissances entre la recherche et les acteurs de terrain devraient être effectifs sans que des blocages perdurent.

Enfin, pour tous, il sera urgent de ne pas plier à la moindre pression du lobby agricole et agroalimentaire dominant, mais ceci est une autre affaire. Le 4 février, une résolution était votée par le Sénat. Nous avons attendu cette date pour envoyer notre éditorial. Cette résolution invitait le gouvernement français à agir auprès de l’Union Européenne pour l’interdiction de toutes les utilisations de ces substances néonicotinoïdes tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l’environnement ne seront pas écartés.

Nous avons à notre niveau préparé un document, puis nous avons choisi de nous joindre à la presque totalité des partenaires apicoles pour utiliser un document commun, beaucoup plus élaboré. Nous avons fourni ce document à tous nos présidents départementaux pour qu’ils fassent suivre auprès de leur sénateur. A l’arrivée, nous constatons avec effroi que le scrutin n°92 portant sur l’ensemble de la proposition de résolution relative à la préservation des insectes pollinisateurs, de l’environnement et de la santé et à un moratoire sur les pesticides de la famille des néonicotinoïdes présentée, en application de l’article 34-1 de la Constitution était repoussé par 312 suffrages exprimés sur 337 votants : contre 248 sénateurs et pour 64. Et le plus étonnant, c’est que sur 111 sénateurs de l’actuelle majorité, 108 ont voté contre. Il faudra bien qu’ils nous expliquent leurs motivations. « La bataille est perdue mais pas la guerre » disent les stratèges.

Côté interprofession maintenant, nous n’avons pas émis de vote négatif à la création de celle-ci, mais nous sommes les seuls à avoir, lors de la dernière réunion, exprimé clairement notre souci de recevoir l’agrément de vos représentants départementaux pour une acceptation. Nous irons jusqu’au terme de notre réflexion même si depuis, à l’initiative d’ADA France et de la section apicole d’un grand syndicat agricole, une interprofession essaie de se mettre en place sans la présence des syndicats nationaux.

Pour les administrateurs de votre Fédération, l’interprofession doit être représentée par les différents syndicats d’apiculture. Les ADA qui d’ailleurs n’acceptent pas certains syndicats départementaux ou les acceptent avec aucune voie consultative, rarement délibérative ne sont que des prestataires de service sollicités par la filière. Elles monopolisent déjà la majorité des aides pour leur fonctionnement et les résultats de leurs travaux ne sont pas à la hauteur de leurs espérances.

Quant à l’ITSAP auquel nous payons notre cotisation sans réellement avoir droit au chapitre, c’est un prestataire de services qui doit attendre les commandes par le canal de cette interprofession. Nous avons donc là, une position clairement exprimée. Il reste aux décideurs qui nous poussent dans cette direction, quelquefois de manière arbitraire, à prendre en compte ces velléités qui tombent sous le sens.

En ont-ils réellement l’intention ?