Toujours dans l’attente

Les évolutions drastiques que nous connaissonsnotamment en matière d’environnement avec cettecohorte d’insecticides particulièrement efficaces,même à faible dose, sur toute la faune pollinisatrice,l’avancée sans conteste que constitue la mise enplace d’un Institut technique malheureusement pasouvert à tous et sa conséquence naturelle, la créationd’une interprofession pour son financement,tout semble couler de source. Pourtant il nous fautfranchir des obstacles de toutes natures et de toutesorigines, même si nous constatons que de nombreusesévaluations permettent de justifier que desévolutions sont à prendre en compte.

Les actions de mise en oeuvre ne suivent pas, restenttrop partielles et sans effet pérenne.

Prenons le cas du projet d’arrêté d’interdiction detraitement en floraison. Malgré un avis de l’ANSES demai 2014, une levée de bouclier fait qu’aujourd’huile Ministre continue de s’initier à la valse hésitation.La profession agricole a proposé d’élargir la plage detraitement aux deux heures avant le coucher du soleilpour toutes les cultures, à condition que la températuresoit inférieure à 12°. Pourquoi ne pas s’en tenirà la proposition initiale de tous parue dans notre revue,transmise au Ministère, qui avait le mérite d’êtreclaire et sans ambiguïté. Nous ne contestons pas quele secteur des oléoprotéagineux conserve un belavenir, qu’il réponde à de réelles attentes de marché,mais les exigences environnementales doivent êtreégalement prises en compte ; « L’Abeille, partenairede la biodiversité » est une nécessité.

A propos de cette biodiversité et de la protectionde l’abeille, les chiffres de bonne pratique de traitementsen floraison pour protéger les abeilles,édités conjointement par la F.N.S.E.A et le CETIOMomettent de prendre en compte les préconisationsde traitements à propos de la culture de féverole. Aun moment où les fleurs sont rares, il est peut-êtrenécessaire pour tous d’essayer au travers de culturessecondaires, de cultures importantes certes maistrès localisées, de continuer à pouvoir laisser nosinsectes pollinisateurs agir. C’était en quelque sorteles recommandations contenues dans l’arrêté du 28novembre 2003 relatif aux conditions d’utilisationdes insecticides et acaricides à usage agricole. Lesauraient-on oubliées ?

Pour nous permettre d’apprivoiser la notion de biodiversité,un document a été construit et installé surle site du développement durable. Le consulter estune chose, recevoir les informations fort intéressantesqu’il contient en est une autre, mais y trouverune raison de satisfaire de prochaines décisionsconcernant la protection des abeilles devient difficile.Nous réagissons tous avec nos faibles moyens.Le 29 mai notre administrateur conduisait la délégationqui alertait les autorités sur l’effondrement desruchers en Crau et au-delà de l’effondrement despopulations d’abeilles dans un certain nombre dedépartements.

Un peu avant, c’était une délégation qui était reçuepar la Commission parlementaire de l’environnement,vous retrouverez en pages intérieures le brillant exposéde notre vice-président. Une autre concertationaura lieu le 24 juin où le nombre des invités sera élargiavec pour chacun d’eux la possibilité de prendre laparole. Votre Fédération y sera.

Dans le même temps circulent une pétition initiéepar la fondation Nicolas Hulot, une conférence depresse commune dans un lieu symbolique de la capitaleavec tous les signataires du communiqué quiparaîtra début juillet par le biais d’un achat d’espacepublicitaire dans un grand quotidien national.L’examen du projet de loi biodiversité reviendra auSénat le 6 juillet. Tous réunis nous mettrons la pressioncomme nous la mettrons aussi à la veille del’examen par l’Assemblée Nationale en deuxième lecture,vraisemblablement en automne, de la loi sur labiodiversité.

La France veut pousser l’Europe à étendre le moratoiresur les insecticides néonicotinoïdes neurotoxiques.Arrivera-t-elle à faire qu’au delà des troismolécules de ce type, imidacloprine, clothianidineet thiaméthoxam, on puisse intégrer les dernièresconnues ? Toutes les études convergent et soulignentles effets négatifs graves de ces insecticidesneurotoxiques sur des organismes non ciblés et pasuniquement sur les abeilles. A côté de cette mesurede fond, la France veut également accélérer la procédurede réévaluation scientifique tandis que le Ministèrede l’Ecologie prévoit de saisir l’Agence Nationalede Sécurité Sanitaire, d’Alimentation, de l’Environnement(ANSES) pour définir de nouvelles interdictionsd’usage des néonicotinoïdes. Le plan ministériel visepar ailleurs à faire en sorte que les pratiques favorablesaux abeilles et aux pollinisateurs soient misesen place sur 20 % du territoire. Mais ce n’est pas lefauchage tardif ni les jachères fleuries sur les accotementsqui vont redonner du punch à l’ensemble desexploitations apicoles familiales ou professionnellesdispersées sur tout le territoire qui répondra et demanière très insuffisante à l’inquiétude des apiculteurspour leur devenir. Petite cerise sur le gâteau,chaque commune engagée dans ce programme devraitrecevoir une ruche. Qui s’en occupera ?

Nous conclurons par cette phrase de M. CHURCHILL «Un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité,un optimiste voit l’opportunité dans chaquedifficulté ». Pour nous ce sera difficile de faire le tri.