Valse hésitation
13 ans après les premières plaintes, l’enquête pénale sur la commercialisation par le groupe Bayer du Gaucho et ses conséquences pour les abeilles, s’est soldée par un non lieu alors que le pesticide fait désormais l’objet de restrictions en Europe. C’est devant la chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris que le dossier pourrait revenir sans grand espoir d’ailleurs selon nos avocats. Encore faudrait-il qu’une organisation syndicale ou associative introduise un recours ? Le Ministre et le maïs OGM.
Accusé par les producteurs de maïs d’avoir une position doctrinale sur les OGM, le Ministre de l’Agriculture a réaffi rmé ces derniers temps qu’il ne changerait pas d’avis sur la question. « J’ai peut-être une position doctrinale mais c’est une position constante de conviction. On m’a toujours dit que les OGM, en particulier le MON 810 et le Pioneer TC 1507 présentaient un avantage économique énorme. Je dis non ».
L’évaluation correcte des effets des pesticides sur les abeilles, où en est-on ?
C’était une première en Europe, une étude menée dans 17 pays membres pour mesurer le taux de mortalité des abeilles domestiques, fi n 2012 et été 2013. Ce phénomène est observé par les apiculteurs et le monde agricole depuis 1990. L’étude a consisté à n’analyser que les agents biologiques sans prendre en compte les pesticides.
Ce n’est certainement pas tant le résultat obtenu qui est intéressant que celui qui ne l’a pas été. Cette étude a coûté plusieurs millions d’euros, plus d’un millier d’inspecteurs y ont consacré une partie de leur temps et les 3000 ruches visitées à plusieurs reprises l’ont été pour la recherche des pathogènes naturels. Le programme des enquêteurs ne contenait pas la mention pesticide et sur les 30 pages du rapport, ce mot n’apparaît qu’une seule fois.
Pas d’allusion non plus sur l’environnement des ruches à un moment où les traitements herbicides par exemple font pratiquement disparaître toute la fl ore sauvage, y compris sur le domaine public.
L’interrogation reste grande sur les motifs qui ont poussé la Commission Européenne à restreindre à ce point le champ de l’étude .On ne peut qu’en regretter les résultats.
Le principal effort qui doit être fait au niveau européen concerne effectivement les tests de toxicité de tous les pesticides réalisés au moment de leur homologation. Les tests actuels, et c’est exprimé, sont insuffi sants et inadaptés aux molécules actuellement sur le marché. Aucune étude ne porte sur la toxicité des mélanges. Or ces cocktails dont on ne connaît pas les réels effets apparaissent selon le constat de beaucoup d’entre nous, comme éminemment dangereux.
Se donner les moyens de réunir l’ensemble des causes de la mortalité des abeilles et surtout d’y remédier nous permettra de retrouver tout de même sur le moyen terme des populations d’insectes susceptibles de nous apporter des récoltes satisfaisantes. Ainsi, nous inverserons la courbe qui s’est installée (du jamais vu) dans le rapport production (15 000 tonnes) / importation (plus de 20 000 tonnes). La production française est devenue largement défi citaire. Dans cette perspective, vouloir créer comme nous l’a proposé le Ministre un label « miel de France » reste inutile, comme le serait d’ailleurs la mise en place d’un super syndicat. A l’audience du 18 décembre, il a été clairement affi rmé qu’il n’en était pas question et que les syndicats nationaux actuels continueraient d’exister.
Cette valse hésitation dans tous les domaines ainsi que tous ceux qui doivent permettre une structuration et une meilleure effi cacité dans la gestion de l’apiculture n’est sans doute pas le meilleur moyen d’apaiser le courroux des apiculteurs qui s’est exprimé le 1er avril.
Pour le moment, tous à nos abeilles dont l’essaimage intempestif va à l’encontre d’une récolte qui s’annonçait pourtant réconfortante et source de rentrées fi nancières propices à l’investissement.