Lettre ouverte au Président de la République – Mai 2017

Monsieur le Président,

Ce 7 mai 2017, les Français vous ont accordé majoritairement leur confiance à la plus haute responsabilité de l’Etat. Soyez-en, sincèrement, félicité.

La tâche qui vous incombe est lourde, vous le savez. Elle nécessite de l’audace et du courage – deux qualités essentielles qui ont trop souvent manqué à vos prédécesseurs, semblant incompatibles avec l’accès au pouvoir politique.

Vous vous êtes présenté devant nous, Monsieur le Président, comme le défenseur des libertés, de la sécurité, de la vérité, comme le pourfendeur de l’immobilisme au service de l’économie, de l’écologie et de la démocratie, en faveur d’« un monde plus juste et plus écologique ». Vous avez annoncé que « pesticides et perturbateurs endocriniens, causes principales des cancers, devaient disparaitre de notre environnement », et vouloir faire de la santé des Françaises et des Français l’une de vos priorités.

Il est indispensable, pour y parvenir, de ne plus dissocier agriculture et environnement et d’admettre, avec objectivité, que les deux sont fondamentalement liés.

Les apiculteurs de France vous demandent d’agir dans l’intérêt général pour que l’agriculture chimique cesse d’être le modèle dominant, qui détruit les pollinisateurs indispensables à l’écosystème et à la ressource alimentaire, ruine les exploitations apicoles, empoisonne l’eau, l’air, les sols et l’alimentation, condamne à la maladie des milliers de victimes et hypothèque, de surcroît, les générations à venir. Les apiculteurs de France veulent retrouver la liberté d’élever sereinement leurs abeilles et pouvoir vivre de leur production sans subir cette menace permanente liée à l’usage des pesticides. Cette victoire serait créatrice d’emplois, favorable à l’économie locale et à l’aménagement durable du territoire rural. Elle permettrait à l’apiculture française de reprendre sa place parmi les premières nations productrices de miel en Europe.

Vous disposez aujourd’hui, Monsieur le Président, d’argumentaires scientifiques et économiques irréfutables pour mettre en œuvre ce changement, aider l’apiculture et soutenir l’agro-écologie ainsi que toutes les alternatives durables, efficaces, capables de redonner du sens à notre modèle agro- économique et aux agriculteurs la fierté de produire.

Le « courage de la vérité » que vous voulez « porter », les apiculteurs l’ont eu pour dénoncer cette dictature agrochimique, subie depuis vingt ans ; et nous l’aurons encore, à vos côtés, si vous nous entendez. Redonner aux apiculteurs la liberté d’élever leurs abeilles à l’abri du risque pesticide, c’est accepter d’affronter les conflits d’intérêt, imposer la probité aussi parmi les hauts fonctionnaires, exiger leur indépendance vis-à-vis des multinationales et de certains syndicats majoritaires, évaluer leurs compétences et leurs aptitudes selon la complexité des dossiers.

Le « Grenelle de l’alimentation » que vous envisagez, nous y sommes favorables comme l’immense majorité des consommateurs. A condition de le faire suivre des mesures nécessaires pour mener à son terme l’objectif qu’il aura fixé…

Offrir aux abeilles des fleurs saines à butiner à volonté, redonner aux insectes pollinisateurs toute la place qu’ils méritent dans le paysage agro-écologique, voilà la demande que nous formulons auprès de vous, Monsieur le Président. Une demande d’utilité publique. Une opportunité pour vous, pour cet « élan de changement » que vous voulez redonner à la France et qui pourrait impulser, au-delà de nos frontières, au sein de l’Europe qui vous est chère, une énergie nouvelle et nécessaire à cette incontournable transition écologique, tellement urgente et attendue.