1000… Et demain ?

Avec ce 1000ème numéro, il nous a semblé opportun au moment où je vais passer la main de revenir un peu sur nos origines.
C’est précisément en 1916 que l’idée d’une organisation apicole prit naissance dans le cerveau de Jean HURPIN alors en traitement dans un hôpital militaire. Il était en correspondance avec les dirigeants de la Société Centrale d’Apiculture. Le Président et directeur de la revue « L’Apiculteur » encouragea cette initiative et c’est près d’une soixantaine de « cultivateurs d’abeilles » qui commencèrent à réfléchir à leur devenir en associant à cette époque un jeune instituteur de Nemours, Jean GUERRE, plein de foi et d’enthousiasme pour le syndicalisme apicole.
Août 1920, Jean GUERRE à tout juste 23 ans, réalise la pensée de Jean HURPIN, rédige les premiers statuts du Syndicat National d’Apiculture et imprime à ses frais les premiers numéros de l’Abeille de France dont vous avez l’exemplaire n°1 en couverture détachable. Entouré d’une dizaine d’hommes ardents et convaincus, il place les apiculteurs devant le fait accompli. Au même moment, 250 apiculteurs répondent à l’appel de Jean HURPIN. Le S.N.A. est né ainsi que le bulletin commercial mensuel de l’apiculture française, servi gratuitement à tout adhérent à jour de sa cotisation au Syndicat National. Jean GUERRE sera notre premier Secrétaire Général, trésorier national, Jean HURPIN, notre premier président. Le Syndicat national avait à l’époque la particularité d’accueillir indifféremment les apiculteurs isolés comme les apiculteurs groupés en association. Cette situation perdura jusqu’en 1949 où une transformation s’opéra en vue d’homologuer une situation existante. Il naquit alors un projet de transformation du Syndicat National d’Apiculture, groupement de personnes en une organisation fédérale, groupement de syndicats régionaux, représentés par Jean HURPIN qui en avait même rédigé les statuts. Le projet n’aboutit pas. Finalement, on s’arrêta à un projet de groupements et associés qui prit le nom de S.N.A. et groupements associés, comité national d’actions et de défense apicole.
En résumé, une association qui se juxtaposait au S.N.A. avec des objectifs sensiblement identiques. Tout de suite, on parla alors d’achat de matériel scientifique, d’une aide pour l’organisation de cours de perfectionnement apicole et sanitaire, de contribution financière pour la lutte contre les insecticides, de dotations aux Laboratoires de Lyon, Nancy, Nice. Mais tout fut remis en cause lors de l’Assemblée Générale du 27 octobre 1947 où est apparue la nécessité d’une organisation fédérale hiérarchique plus rationnelle, souhaitable et dans la ligne de l’évolution normale du S.N.A. Le Syndicat national transformé en organisation fédérale pourrait mieux faire face aux tâches imposées par un nombre croissant d’adhérents, telle est la base de l’organisation adoptée par cette assemblée générale du 27 octobre 1957 qui nous gère encore au niveau national.
La Direction est alors confiée à un Conseil d’Administration formé de 12 membres élus en assemblée générale par les présidents des syndicats affiliés, ces présidents seront appelés ensuite à se prononcer aussi bien sur la gestion que sur l’orientation à donner à la Fédération Nationale.
Il s’agit alors d’une organisation éminemment démocratique, d’une sorte de mutuelle, d’une communauté dont le succès sera pour une grande part lié à l’apport de chacun et dont chacun indistinctement profitera de ses bienfaits. Aujourd’hui, le S.N.A. regroupe suivant les années, les démissions et les demandes, 119 antennes départementales. L’apiculture française comptant 70 000 apiculteurs officiellement reconnus, c’est près de la moitié que l’on retrouve chez nous, une bonne performance. L’Abeille de France, propriété du S.N.A. dont les articles retiennent plus de 60.000 lecteurs est aujourd’hui la plus ancienne revue apicole, la plus vendue et la plus connue au niveau européen et mondial. Elle accepte bien sûr tous les adhérents des Syndicats départementaux qui souhaitent s’y abonner mais aussi un très grand nombre d’apiculteurs individuels, des groupements et associations qui n’ont aucun rapport avec le syndicalisme. C’est près de 50.000 personnes pratiquant l’élevage des abeilles qui se retrouvent. Belle performance qui ne demande bien sûr qu’à se développer.
Les actions menées par le syndicat soutenues par l’Abeille de France l’ont toujours été en principe avec le concours des autres centrales syndicales, exception faite des financements qui ont été apportés aux Laboratoires autrefois de Lyon, Nancy et Nice, puis ensuite à l’INRA de Bures sur Yvette, Montfavet et bien sûr le CNEVA de Sophia Antipolis. Indépendamment de ces aides, le S.N.A. s’est retrouvé dans la structure des professionnels de l’Europe, COPA COGECA à Bruxelles, organisme de coopération professionnelle agricole et dans le groupement de constitution récente CoeurCari dont il finance en partie l’une des secrétaires chargée de faire du lobbying. Partenaire de l’Institut Technique en son temps, d’Intermiel plus tard, aujourd’hui cofondateur de Promomiel, dont il assure la présidence, adhérent de l’ITSAP, le S.N.A. conduit notamment dans ces périodes difficiles, de nombreux dossiers insecticides. Conjointement avec l’Abeille de France, un certain nombre de projets sont développés, comme par exemple le développement de l’Association Promomiel, la collaboration étroite qui s’est établie au sein du Comité apicole pour faire avancer les projets d’intérêt général, le développement des ruchers-écoles pour la formation des débutants mais aussi pour la préparation des apiculteurs désirant devenir professionnels. C’est ainsi que notre rucher de formation dans le Bois de Vincennes ouvert en 1981 a eu le plaisir en 2012 de voir deux de ses élèves en formation pour devenir des apiculteurs à part entière.
D’hier à aujourd’hui
Jean GUERRE devait nous quitter prématurément le 26 avril 1923 des suites d’une terrible maladie contractée lors d’un séjour en Allemagne, maladie qui s’était déclarée quelques semaines seulement après la naissance du Syndicat National d’Apiculture. Jean HURPIN reprendra le flambeau et restera collaborateur du journal pendant 40 ans. Ses conseils judicieux, sa pratique apicole affirmée ont permis à des milliers d’entre nous d’appréhender et de connaître les abeilles et l’apiculture. Sa série d’ouvrages dont nous possédons encore quelques exemplaires reste d’actualité et a contribué largement à la promotion de l’apiculture française. Jean HURPIN repose désormais à Crécy en Normandie où il a passé toute sa vie. Avec l’évolution de la législation, tant pour le S.N.A. que pour l’Abeille de France, dès 1957 , le législateur nous a obligés à dissocier les deux entités. Le S.N.A. a alors créé cette société l’Abeille de France dont il reste le principal propriétaire, société chargée d’éditer un journal du même nom, aujourd’hui distribué non seulement aux Syndicats, mais également à toute personne qui s’intéresse à l’apiculture. En 1974, sur proposition du Ministère de l’Agriculture, un rapprochement s’est effectuée avec la revue éditée par la S.C.A. depuis 1856 « l’Apiculteur ». Notre titre est devenu alors « l’Abeille de France et l’apiculteur » revue qui est parue sans discontinuer de 1920 à nos jours. Nous avons atteint des records historiques en 1992 avec plus de 40 000 lecteurs. Aujourd’hui si le nombre de nos abonnés a quelque peu diminué, nous restons néanmoins la première revue d’apiculture française. L’exemple et l’héritage de nos prédécesseurs sont nos références et nos guides et nous regardons l’avenir avec sérénité et fraternité.
Je ne voudrai pas terminer ces deux pages attachées au millième numéro de notre revue sans rappeler simplement que ce numéro était pour moi le 388ème. En effet, fin 1977, le Président du S.N.A. d’alors, M. AUSSET et les responsables du journal, MM. BURY et PRIEUR nous quittaient, le premier tragiquement, les deux autres pour cause de retraite.
Dès 1978, j’avais donc la charge, sans rien y connaître de préparer chaque mois l’Abeille de France. Je remercie à cette occasion en particulier, M. EPAILLARD de la SAJIC d’Angoulême qui a guidé mes premiers pas. Je remercie également tout particulièrement Mme Viviane CHONG-WING qui dès 1980 est venue régulièrement chaque mercredi pour s’occuper de la publicité et recueillir un certain nombre d’articles, voire les relire pour parution dans la revue. Aujourd’hui, l’équipe s’est un peu renouvelée mais pas comme nous le souhaiterions, il sera donc nécessaire pendant une période de transition de quelques mois que j’apporte encore une petite contribution, mais la jeunesse et le renouveau sont en marche, c’est encourageant.