Recherche sur le comportement hygiénique des abeilles

La légende d’Aristeus
La fondation Arista Bee Research a été créée afin « d’élever une abeille plus saine et résistante à Varroa ». Elle tire son nom du Dieu grec Aristeus dédié à l’agriculture, la chasse et l’apiculture qui, pour sauver ses abeilles malades et proches d’une mort certaine dut sacrifier une partie de son bétail…d’où sortirent plus tard de nouvelles abeilles…
Apiculteurs, instituts de recherche et universités collaborent au sein de la fondation pour faire avancer la recherche contre le varroa, notamment grâce à un programme d’élevage de résistance à Varroa.
Une résistance acquise
Il a été démontré qu’une solution naturelle est possible : des abeilles non traitées dans les milieux tropicaux développent certains niveaux de résistance à Varroa (A. ceranea). En raison de la lourde pression de sélection (absence de traitement et donc beaucoup de varroas), combinée à un climat favorable pour les abeilles, un certain pourcentage des colonies survivent au moins assez longtemps pour assurer une descendance (essaimage, nouvelles colonies). Ces colonies ont hérité d’une ou de plusieurs caractéristiques qui les aident à garder l’infestation « sous contrôle ».
Certains instituts ont sélectionné des colonies qui peuvent mieux contrôler le nombre de varroas dans la ruche. Les meilleurs résultats jusqu’à présent sont obtenus en sélectionnant des abeilles possédant le comportement dit VSH pour Varroa Sensitive Hygienic. Ces abeilles peuvent détecter les varroas dans le couvain et enlever ce couvain infesté afin que le varroa ne puisse pas se reproduire et se multiplier.
Des projets en cours…
Le projet global de la Fondation se décline en 5 actions :
(1) la mesure des niveaux d’infestation par Varroa destructor,
(2) la mesure directe de la présence des gènes du comportement VSH par l’utilisation de tests génétiques,
(3) l’amélioration de la congélation du sperme et des oeufs,
(4) une amélioration de la gestion des colonies et des traitements
et (5) la recherche de caractéristiques de résistance à Varroa supplémentaires.
Leurs travaux ont débuté avec le « projet Buckfast-VSH » aux Etats-Unis (Baton-Rouge), où ils ont pu bénéficier des travaux de John Harbo (le père du VSH). Des colonies ont été pré-sélectionnées pour leur faible infestation puis infestées. Ils ont fait des inséminations à 1 mâle pour que toutes les reines filles proviennent du même père. Fin août, prélèvement d’un cadre de couvain (stade nymphe aux yeux pourpres) afin d’effectuer le test du comportement hygiénique et un comptage des varroas reproducteurs (R) et non reproducteurs (sans progéniture) (NR).
Si le rapport reproducteur/non reproducteur est nul alors on peut dire : 100% VSH. L’hypothèse de Harbo est que 2 gènes codent pour le comportement hygiénique.
Lorsque des colonies sont 0% VSH, alors on observe des niveaux d’infestation de 10% à 50%, si les colonies sont 100% VSH, alors le taux d’infestation est compris entre 0% et 1% au stade nymphes aux yeux pourpres, malgré la contamination. Cependant, les colonies 100% VSH ont un fort taux d’infestation (10%-40%) au stade pré-pupe (juste après l’operculation).
Le même travail a été fait avec des reines de l’Union européenne obtenues auprès d’éleveurs de Buckfast (10 lignées différentes) ; le travail d’élevage a débuté en Belgique fin août mais ils pensent développer l’élevage pour les F1 en Espagne car il est encore possible d’y faire de l’élevage de reines (des fleurs subsistent jusqu’en novembre et les hivers sont doux). Ils se proposent d’obtenir des 100% VSH en croisant des mâles F1 avec des filles des reines inséminées 1 mâle.
En 2015, la Fondation AristaBee research projette de développer l’axe « Carnica-VSH », toujours inséminée 1 mâle avec comme objectif d’améliorer la conservation du sperme, de regarder les aptitudes à l’épouillage et de travailler avec des petites cellules comme méthode alternative en combinaison avec VSH car il ne sera sans doute pas possible que tous les ruchers bénéficient de reines 100% VSH. Estimation budgétaire du projet : 1,2 million d’euros…
Les représentants de la Fondation ont rappelé que cette dernière était une association à but non lucratif qui travaille en « O pen source » et a fait un appel au don…déductible des impôts…contre des abeilles résistantes gratuites…

C. Adolphe