EDITORIAL de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et Président de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Ter repetita !

Il devenait inéluctable que nous n’allions pas y échapper.
Face à la flambée des contaminations et à la saturation des services de soins spécialisés, la réalité des chiffres ne laissait plus le choix ; un confinement s’est imposé pour une troisième fois. Les efforts qui s’imposent à nous tous dans ce contexte sanitaire deviennent terriblement pesants à tout point de vue, et il devient urgent de trouver une solution pour éviter que les contaminations n’explosent à nouveau quelques semaines après la fin de ce confinement. Souhaitons que l’arrivée des autotests, plus simples d’utilisation et moins désagréables que le test classique naso-pharyngé, permette à chacun, au bout d’une quinzaine de minutes, de s’assurer qu’il ne contaminera pas son entourage avec la COVID-19 pendant les 48 heures suivantes. Avec ce nouveau test, il sera ainsi possible de toucher la majeure partie de la population et d’appliquer le principe semblable à celui que nous mettons en oeuvre dans le suivi sanitaire de nos ruchers : « tester-tracer-isoler » afin
de couper la chaîne de contamination. En réalisant chacun un autotest, deux fois par semaine, ceci permettrait de sécuriser davantage et plus vite le retour à une vie « normale » dans nos échanges sociaux.
Pendant que nous sommes confinés, des malfrats profitent du ralentissement des mouvements de population imposé par le couvre-feu pour compenser leurs pertes de colonies d’abeilles en allant voler les ruches des collègues apiculteurs. Depuis une vingtaine d’années, ces délits sont croissants chaque début de printemps, et concernent de plus en plus souvent des nombres élevés de ruches volées. Des actes émanant de voleurs organisés et équipés en matériel de transport permettant de charger des dizaines de ruches. Un rapprochement du SNA avec les services de la gendarmerie nationale va s’imposer afin que les auteurs de ces méfaits soient identifiés et présentés devant les tribunaux.
A propos de tribunal, la justice a refusé, au début du mois de mars dernier, de rejeter l’arrêté anti-pesticides présenté par le maire de La Montagne (Loire-Atlantique) qui interdit les déchets de produits phytosanitaires hors des parcelles traitées.
Ravi de cette première victoire, il rappelle que cet arrêté municipal du 11 janvier précise que « tout rejet de produits phytopharmaceutiques hors de la propriété à laquelle ils sont destinés constitue un dépôt de déchets et est interdit ». L’affaire devrait être jugée sur le fond d’ici quelques mois.
Autre affaire : le gouvernement est à nouveau prié par le Conseil constitutionnel de revoir sa copie sur les règles d’épandage des pesticides à proximité des habitations car les
dérogations permises localement ne sont pas conformes à la Constitution. En effet, ces « chartes d’engagement départementales » qui permettent de réduire les zones de non traitement entre les cultures traitées et les habitations ne protègent pas suffisamment les riverains et sont considérées être élaborées dans l’opacité !
Toutes ces décisions de justice nous amènent à ne pas baisser les bras pour obtenir une réglementation plus favorable à la protection de l’environnement, et de la santé humaine.
Ceci d’autant plus que se fait attendre depuis des mois l’arrêté « abeille » du plan pollinisateurs, qui réglementera les conditions de pulvérisation des pesticides sur les cultures en fleurs, et qui n’est qu’un des six axes du plan. Le SNA, très actif, a apporté ses contributions sur ces sujets.
Les premières récoltes de miel de l’année approchent, et pour bon nombre d’apiculteurs professionnels, une grande partie de la récolte de 2020 est hélas encore en stock dans les mielleries et n’a pas trouvé d’acheteurs alors que nous importons des dizaines de milliers de tonnes de miels de l’étranger, pas toujours conformes à la réglementation. Plusieurs conditionneurs et enseignes de distribution ont fait des opérations de mise en avant du miel français, ceci mérite d’être souligné, mais c’est encore très insuffisant. Ces opérations promotionnelles devraient à l’avenir se répéter et être accompagnées par l’interprofession qui a aussi inscrit la lutte contre la fraude dans ses actions prioritaires.
La saison apicole est bien lancée, et heureusement, ni les travaux apicoles, ni les cours en ruchers-école ne sont pénalisés par les mesures du confinement.
Bon courage à tous, et que les abeilles remplissent de belles hausses de miel !


SOMMAIRE

3 Édito
Ter repetita !

6 CONSERVATION
Abeille Noire Atlantique… de la passion à la préservation

9 Challenge électro-apicole
Nouvelles du Challenge 2020 – 2021

10 Fraude par adultération
Du miel en mélange avec du sirop : fraude à grande échelle & dénouement heureux en Autriche

12 Plan national lutte frelon asiatique
Conseils de plan de lutte préventif & collectif

14 Lutte frelon asiatique
Il faut combattre l’invasion massive des FA

16 Lutte frelon asiatique
Repérage de nids (suite)

20 La rubrique du néophyte
Avril : sous le signe de la prudence et de l’anticipation

22 Un temps d’avance
Le mois d’après : mai 2021

26 Réponses aux lecteurs

28 Sanitaire
Méthode écologique de lutte anti-varroa

30 Enquête nationale mortalité
Mortalité des colonies d’abeilles durant l’hiver 2020 – 2021

32 Essaimage naturel
Rôle et mode d’action des signaux vibratoires Partie 4

36 Api-foresterie
Les Saules, mellifères stratégiques

42 Société centrale d’apiculture
Comparaison des modes d’extraction Partie 2

50 Planète miel
Contrôle et traçabilité des produits de la ruche par la palynologie – 3

54 Librairie

58 Vie des structures apicoles

61 Chasseur d’images

62 Petites annonces

65 Abonnement & assurances

66 Infos pratiques