Un apiculteur et ses ruches

Cas des apiculteurs ayant oublié de remettre des cadres à bâtir dans leur corps de ruche. C’est beaucoup plus courant qu’on ne le pense !!

Ce cas arrive assez souvent à certains apiculteurs débutants. Ils ont dans l’été, prélevé trois ou quatre de couvain et de miel pour réaliser un essaim artificiel dans le corps d’une ruche populeuse qui avait déjà sa hausse.  Puis, ils ont déplacé l’essaim, ont refermé la ruche en remettant la hausse en place et ont oublié de remettre trois ou quatre cadres à bâtir ou déjà bâtis restant à remplir de provisions.

Arrivés à l’automne, ils visitent leurs ruches pour retirer les hausses et réduire ainsi le volume que la colonie aura à maintenir en température et ils s’aperçoivent alors que les abeilles ont construit, ou non pas construit dans le corps de la ruche, des rayons sous les cadres de la première hausse. Que faut-il faire en cas de constructions naturelles ?

Option  1 – Ne rien faire dans le corps de ruche.

A cette période de l’année, vous estimez qu’il fait trop froid pour travailler dans le corps de votre ruche. Dans ce cas, vous laissez faire et vous reportez la résolution du problème au printemps suivant. Surtout si vos abeilles ont construit trois ou quatre magnifiques rayons naturels à la place des cadres manquants dans le corps et que ceux-ci sont bien accrochés sur les côtés du corps.

Si votre hausse est à peu près vide :

Vous soulevez très légèrement, de 2 ou 3 mm votre hausse, en utilisant deux lève-cadres, un de chaque côté du corps. Puis, vous passez ensuite un fil de pêche en nylon entre le bas de votre hausse et le haut de votre corps dans le but de couper le haut des rayons. Puis, deux ou trois jours plus tard, mais pas plus, vos abeilles auront assaini votre travail de découpe et vous pourrez alors retirer votre hausse à peu près vide. Vous laissez le corps tel que jusqu’au printemps suivant.

Option 2- Intervenir dans le corps de ruche.

2 – 1 Pas ou peu de rayons construits.

Si vos abeilles n’ont pas construit de rayons naturels ou n’ont construit que des débuts de rayons, sous les cadres de votre hausse. Vous aurez tout intérêt, à enlever votre hausse et les petits morceaux de pains de cire.

Vous pouvez alors mettre dans le corps, 3 ou 4 cadres bâtis et il vous faudra nourrir massivement votre colonie, en lui donnant, disons au moins douze kilos de sirop et en deux  ou trois fois au maximum. Le but est alors de faire remplir par votre colonie, au moins deux cadres complets de provisions.

2 – 2 Beaux rayons construits.

2 – 2 A. Vous laissez les rayons tels que.

2 – 2 B. Vous avez une météo parfaite. Disons soleil, + de 20° C, pas de vent. Et des rayons naturels à peu près droits en vue de dessus. Et surtout, vous voulez absolument régler le problème avant l’hiver.

Vous pouvez alors tenter de greffer vos beaux rayons bien droits dans des cadres, puis   remettre ensuite, les cadres garnis des rayons naturels dans votre ruche.

Vous enfumez modérément l’entrée de votre ruche et assez longuement. Attendez une minute ou deux que vos abeilles se soient bien gorgées de miel, puis vous décollez le couvre- cadres en commençant par le côté où vous allez opérer. Vous le déposer, et vous recouvrez la partie de la ruche où vous ne travaillerez pas, par un tissu épais, ou carrément par des morceaux de planches.

Classiquement la reine et sa cour vont aller se réfugier du côté où vous n’intervenez pas.

Surtout n’enfumez que modérément devant l’entrée. La fumée doit indiquer à vos abeilles que vous allez intervenir et surtout ne pas faire fuir la reine devant l’arrivée de votre barrage de fumée opaque.

Vous aurez prévu à proximité :

 Un pulvérisateur à eau (moins de 10 euros, dans toutes les jardineries). Un peu d’eau pulvérisée envoyée de temps à autres, sur vos abeilles les calmera comme le fait la fumée de votre enfumoir.

 Un enfumoir allumé qui devra rester allumé pendant toute votre intervention. Du combustible et un moyen d’allumage en réserve.

 Une ruchette vide de ses cadres et un drap ou un torchon pour pouvoir recouvrir le dessus des futurs cadres.

 Une table et 2 tasseaux.

 Un couteau avec une lame, dont la longueur sera supérieure à la hauteur des rayons à découper.

 Pour les débutants, il sera prudent de se protéger correctement, ainsi que votre aide. Car il est préférable d’être à deux pour réaliser ce genre d’intervention. L’un découpe et sort les rayons naturels de la ruche, un à un, pendant que l’autre les met en place dans les cadres préparés spécialement pour cette opération.

 Des cadres en nombre correspondant au nombre de cadres que l’apiculteur a oublié de remettre dans la ruche pendant l’été. Cadres où l’apiculteur plantera de petites pointes tous les 7 ou 8 cm, sur chacun des deux côtés des cadres. Ensuite l’apiculteur rejoindra sur un côté les têtes des pointes entre elles avec du fil inox. De façon à réaliser un véritable treillis sur une face du cadre.

 Un seau vide avec son couvercle. Il vous permettra de récupérer tous les surplus de rayons que l’aide de l’apiculteur n’arrivera pas à installer dans les cadres équipés du treillis.

Intervention proprement dite.

L’apiculteur tient avec une main le haut de chacun des rayons et les coupe un par un, au plus près de leur point d’accrochage sur la paroi verticale du corps. Puis quand il tient un premier rayon qu’il prélèvera en premier contre le côté de la ruche. Il le donne à son aide qui le pose dans le cadre posé sur la table et qui est surélevé par deux tasseaux. Celui-ci relie alors les pointes entre elles par un fil inox pour constituer un treillis. De cette façon, les morceaux de rayons se trouvent installés dans l’âme du cadre et tenus latéralement par les treillis de fil inox, mis en place de chaque côté du cadre.

Dès qu’un cadre est complet. L’aide de l’apiculteur le mets dans la ruchette et pour éviter le pillage. Il recouvre le dessus de la ruchette avec un drap.

L’apiculteur s’attaque ensuite au retrait du second rayon naturel, qu’il prélève juste à la suite du premier et ainsi de suite.

Quand les trois ou quatre rayons naturels ont été installés confortablement dans les cadres de la ruchette. L’apiculteur réintroduit les cadres dans le corps de la ruche. En faisant en sorte que les rayons naturels installés dans les cadres retrouvent à peu près la place qu’ils occupaient à l’origine.

Puis il ferme le dessus de la ruche en utilisant le reste du drap ou des planchettes. Repose le toit et laisse la colonie se remettre de ses perturbations.

Quelques jours plus tard, les abeilles auront resoudé les rayons  dans les cadres avec treillis. L’apiculteur, en milieu de journée, pourra alors enlever le drap, reposer le couvre-cadres et installer un nourrisseur dans lequel, il mettra plusieurs litres de sirop dosé à 50/50 ou un peu plus riche en sucre.

2 – 3 Mais si vous préférez attendre le printemps suivant avant de vous lancer dans une telle aventure. Je suis entièrement en accord avec vous et c’est la solution que je préfère.

Au prochain printemps, quand votre colonie occupera complétement à nouveau ses dix cadres de corps. Vous pourrez, sans grande difficulté, diviser votre corps de ruches en 3 ruchettes.

Une ruchette contiendra votre reine et très rapidement. Vous serez amené à la passer sur 10 cadres.

Les deux autres ruchettes devront chacune élever une reine. Reines qui mettront douze jours à naitre, puis 10 jours à être fécondées, puis une petite dizaine de jours à commencer à pondre et encore 3 semaines, avant que les premières abeilles naissent. Lesquelles jeunes abeilles mettront encore de l’ordre de trente à quarante-cinq jours avant de devenir butineuses.

3 – Et en attendant le printemps prochain.

Vous pouvez aussi envisager d’apprendre l’élevage de reines, dans les livres et/ou dans votre rucher-école. Vous pourrez le mettre en application au printemps en prélevant les larves d’une de vos meilleures ruches que vous avez repéré cette année avec une punaise de couleur jaune. Voir notre revue de septembre.

Notre Syndicat National d’Apiculture (Tel :01 45 22 48 42 ou www.labeilledefrance.com) dispose de plusieurs livres très bien rédigés sur ce sujet.

Vous pouvez aussi profiter des réunions de fin d’année de votre syndicat apicole pour découvrir le nom du bon éleveur de reines de votre région et lui passer commande.

5 – Si vous êtes jeune apiculteur ? 

Vous devez en priorité obtenir un numéro SIRET. Il vous faut déclarer votre exploitation apicole auprès du Centre de Formalités des Entreprises (CFE). Lequel CFE est normalement  installé dans les bureaux de la Chambre d’Agriculture de votre département. Le CFE de votre département informera l’INSEE et l’INSEE vous attribuera un numéro SIRET.

Pour que votre demande soit acceptée par le CFE, il vous faudra présenter :

 Un document d’identité valide, un justificatif de domicile récent (moins de 3 mois) et donner un chèque dont le CFE vous indiquera le montant.

Personnellement,je conseille aux nouveaux apiculteurs de se rendre eux-mêmes sur place au CFE et de remplir la demande avec le fonctionnaire. Ce qui évite des retards.

Cas particuliers. Il y en a quelques-uns. Et si vous avez déjà un numéro SIRET pour une autre activité ou que vous êtes préretraités. Parlez d’abord de votre situation avec la personne compétente de votre syndicat.

6 – Petits détails à ne pas négliger en ce début d’automne.

 Enlever les lanières anti-varroas.

 Reposer les grilles d’entrée.

 Refermer les tiroirs des plateaux grillagés.

 Lester les toits, en posant dessus un parpaing ou une grosse pierre.

 Penser à mettre en place les nourrisseurs. Type anglais rond ou carré sur les couvre cadres équipés en leur centre d’un trou central. Ou des nourrisseurs couvre cadres, de type paraffiné ou plastique.

Les nourrisseurs couvre cadres paraffinés permettent de nourrir abondamment avec du sirop. Ils permettent aussi l’accès à un pain de candi ; si la tôle entre la cheminée et le nourrisseur a été percée à sa base de deux petites découpes. Mais ils ont un défaut. Ils ne sont pas toujours étanches. Penser à avoir une bougie dans votre caisse à outils. Vous pourrez l’utiliser à votre prochain passage dans votre rucher pour étanchéifier votre nourrisseur fuyard. Mais de plus en plus, une espèce de fourmi à la fâcheuse habitude de percer les côtés.

Les nourrisseurs couvre-cadres en plastique permettent eux aussi, de nourrir abondamment avec du sirop. Ils permettent aussi l’accès à un ou deux pains de candi, en faisant sauter un ou deux trous qui sont pré-percés dans le fond du nourrisseur. Attention, pensez à mettre en lieu sur, les petits bouchons en plastique qui permettent ultérieurement de les obstruer.

7 – Participer aux foires ou aux marchés.

Vous pouvez demander suffisamment en avance une place auprès des organisateurs des foires ou des marchés ou en dernière minute auprès de leurs représentants sur le terrain, qui sont les placiers pour proposer à la vente les produits issus uniquement de votre propre exploitation. Car vous n’avez pas le droit de vendre des produits fabriqués ou produits par d’autres. Excepté le cas où vous faites exécuter des produits à façon (bonbons, hydromels, etc….) pour votre propre compte par un artisan avec le ou les produits provenant de votre propre exploitation.

Pour vendre des produits autres que ceux issus de votre exploitation. Vous devez théoriquement pouvoir présenter un extrait du k bis, cas des commerçants.

En règle générale, les organisateurs ou leurs représentants vous considérant comme producteurs vous demanderont une copie de votre numéro SIRET, éventuellement aussi, une attestation de cotisant à la MSA et une copie de votre attestation d’assurance apicole RC. Notre revue  »Abeille de France » peut sur votre demande vous délivrer une attestation d’assurance si vous êtes assurés par son intermédiaire.

Ensuite, obtenir une place, c’est quelquefois difficile. Mais arriver bien en avance, se présenter avec un large sourire, etc…. facilitera souvent les choses.

Matériel à amener avec vous :

 Une table légère et facile à monter, une ou deux chaises pliantes et une nappe.

 Un parasol et des poids pour le maintenir en place, plus une bâche plastique pour couvrir vos pots, au cas où une grosse pluie surviendrait.

 Un projecteur ou un moyen d’éclairage, si vous faites un marché nocturne et une rallonge électrique de 20 ou 25 mètres, avec 2 phases et un neutre (terre), de puissance utile de 2,5 ou 3 kilowatts.

 Pensez à avoir un petit diable, de préférence pliant, qui vous sera très utile pour porter vos cartons de pots de miels, entre votre véhicule souvent garé en dehors du marché et votre stand.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de bonnes ventes !

moreaufr@hotmail.com  06 87 55 14 88