2-)Par le découpage successif du couvain de mâles ne risque-t-on pas de sélectionner des varroas attirés par le couvain d’ouvrières ?
Dans l’état actuel des connaissances, aucune substance chimique spécifique aux mâles n’est responsable de la préférence marquée par varroa pour l’infestation de leur couvain. Cette préférence n’est que la conséquence des caractéristiques physiques particulières des soins apportés à ce couvain.Son élimination ne mettant en œuvre que des moyens mécaniques ne peut avoir aucune influence sur les capacités d’orientation de varroa. À l’inverse les traitements chimiques anti varroa des ouvrières entraînent un effet de mémoire qui conduit à une résistance par accoutumance.

3-) Ne risque t’on pas un déficit de fécondation des reines par l’absence de mâles en nombre suffisant ?
Les reines restent en général de 1 à 2 ans dans la même ruche et ne sont fécondées qu’une seule fois dans leur existence par 1 à 25 mâles. Les cellules de faux bourdons construites dans chaque ruche en bordure des cadres de couvain d’ouvrières suffisent amplement à assurer la fécondation d’une reine. Celui qui a des craintes pour la fécondation de ses reines peut très facilement réserver la plus forte de ses colonies à l’élevage de mâles.

4-)Ne porte-t-on pas préjudice à l’harmonie de la colonie par la découpe répétée du couvain de mâles ?
Il faut reconnaître que l’harmonie d’une colonie est difficilement mesurable. Les mâles n’étant présents dans la colonie que pendant une période relativement restreinte de l’année, on peut vraiment se demander quel est l’intérêt de leur présence pour l’harmonie de la colonie. De plus il ne faut pas oublier qu’il en restera toujours suffisamment qui échapperont au massacre (au minimum 500). D’ailleurs bien souvent les essaims ou nucléis construits se développent harmonieusement sans aucun mâle.

5-) Existe-t-il des comptes-rendus d’expérimentation ?Afin de vérifier l’efficacité de cette méthode de piégeage des varroas, des expérimentations ont été conduites dans différents ruchers. Exemple: En mars un lot de 18 ruches a été retenu et équilibré de sorte à ce que chaque colonie contienne six cadres de couvain le 10 avril, début de l’expérimentation. Neuf ruches ont constitué un lot test et reçu régulièrement des cadres pièges ; les neufs autres (lot témoin) ont été conduites normalement. Du 10 avril au 7 juillet quatre découpes de couvain mâle ont été réalisées sur le lot test le même jour sur toutes les ruches (le 1 mai, le 23 mai, le15 juin et le 7juillet). Fin juillet toutes les 18 ruches ont été traités au thymol de manière équivalente.
Les conclusions :
– Les quatre découpes successives de couvain mâle ont ralenti l’infestation varroas de manière significative, mais ne permet pas de se passer des traitements de fin d’année, car hors piégeage l’infestation a progressé dans les 18 ruches de façon semblable;
– Le système de piège par cadre à bâtir permet de mieux contrôler l’essaimage: en effet, aucune des ruches du lot test n’a essaimé. Cet effet très appréciable s’explique par le travail supplémentaire imposé aux bâtisseuses pour la confection du cadre à mâles mais aussi par l’attention accrue de l’apiculteur qui doit ouvrir ses colonies plus fréquemment.
– Enfin la capacité de production de la colonie n’a pas été diminuée par la méthode du cadre à bâtir. Le travail supplémentaire imposé aux colonies pour bâtir plusieurs cadres et entretenir un couvain qui sera sacrifié n’a pas entraîné de baisse de rendement. Nous pouvons penser que l’effet curatif de la méthode à compenser l’effort supplémentaire des bâtisseuses.