ÉDITO de Frank ALÉTRU Président du Syndicat National d’Apiculture

Principe de précaution

Par définition, le principe de précaution devrait s’appliquer par anticipation avant le déclenchement des accidents ou des catastrophes, prévenir plutôt que guérir. Hélas, il est trop souvent mis en oeuvre après les évènements pour réduire, voire éviter les possibles conséquences désastreuses provoquées par ceux-ci, en quelque sorte prévenir les sur-accidents.
L’incendie de la Sté Lubrizol de Rouen en a encore été la démonstration. En un même lieu, on a autorisé le stockage de quantités impressionnantes de produits inflammables, sans
avoir mis en place des espaces de sécurité suffisants entre les lots. Ils auraient pourtant permis de limiter les risques de propagation de l’incendie. Le bilan en matière de pollution
est très lourd. Si lourd qu’il est difficile d’en appréhender : le périmètre de son impact, son niveau de toxicité immédiate et dans le temps, sur la santé humaine, ainsi que sur les
ressources alimentaires et toute la biodiversité.
En Normandie, les toits et les planches d’envol des ruches sont gras, recouverts d’une pellicule de suie. Il en est de même pour la végétation que les abeilles butinent. Les premiers jours qui ont suivi l’incendie, dans l’après-midi les butineuses finissaient
par tomber devant la ruche et mourraient.
Au moment où j’écris ces lignes, nos collègues de Normandie ne peuvent que logiquement s’inquiéter : Quid de la qualité des pollens et nectars butinés par les abeilles ? Quid de la qualité de l’eau ? Quid de la qualité des cires et des réserves ? Quid de l’état sanitaire des colonies en sortie d’hivernage ? Immédiatement, la réactivité conjointe du SNA et du SAHN a permis de faire procéder à des premiers prélèvements dans des ruchers sur Rouen, qui devront être multipliés au-delà des ruchers de l’agglomération. Nous suivons ce dossier de près.
En ce mois d’octobre, pas à pas et prudemment, la filière construit son interprofession dans la réflexion, l’écoute et le dialogue. À la lumière des expériences du passé, le principe
de précaution s’impose autour de la table. Pas question de reproduire les mêmes erreurs. Notre interprofession doit être construite en respectant les principes suivants : mettre
en oeuvre des actions qui répondent aux attentes du terrain.
Respecter le plan de filière.
Pour son fonctionnement, il faut mettre en place une Cotisation Volontaire Étendue (CVE = ex CVO). Le SNA a demandé qu’elle soit calculée de façon à être la plus économiquement
indolore, équitable et d’une utilisation justifiée, efficace et transparente afin que notre interprofession soit pérenne.
Malgré l’actualité chargée de cet automne, la semaine du congrès d’Apimondia à Montréal est encore bien présente dans nos esprits. L’organisation y a été parfaite, les exposés
scientifiques très nombreux et de hauts niveaux, souvent trop hauts pour l’auditoire ! Les échanges internationaux qui sont possibles dans ce cadre sont riches d’enseignements. Nous avons aussi pu apprécier, au travers des témoignages de nos collègues étrangers, combien ils admirent et respectent la combativité des apiculteurs de France depuis une vingtaine d’années. La France était aussi fièrement représentée par les exposants nationaux qui avaient traversé l’Atlantique exprimant dignement qualité et savoir-faire, répondant ainsi sans complexe aux stands des exposants venus de Chine et d’Asie. Ces derniers, quelque peu bredouilles, constatant qu’ils n’attiraient guère les visiteurs, n’ont pas attendu la fin du congrès pour quitter leurs stands, laissant vides des portions
d’allées.
Le SimApi d’Avignon continue d’attirer encore de nouveaux exposants internationaux. Le nombre de stands et la surface totale d’exposition va dépasser nos prévisions. Des
constructeurs automobile 4X4, élévateurs et autres matériels vont aussi occuper une partie extérieure du parc des expositions. Les structures techniques apicoles nationales
seront aussi présentes : ADA, CARI, FNOSAD, FNGTA, ITSAP, OFA, et d’autres structures techniques devraient nous rejoindre.
Sans aucun doute, le SimApi sera l’évènement apicole de l’année, et nous vous y attendrons nombreux. D’ici là, il nous reste à affiner nos visites d’automne et compléter les réserves hivernales de nos colonies qui en règle générale ont pu profiter des dernières miellées. Dans trop de secteurs, la pression des frelons asiatiques reste cet automne encore à un niveau de prédation inacceptable sur les colonies.
Le SNA a renouvelé son inquiétude début septembre lors d’un entretien à Matignon avec le Conseiller « Agriculture » du Cabinet du Premier Ministre et une fois de plus a signalé
l’inaction du gouvernement sur ce sujet depuis 2004 et… sans avoir appliqué le principe de précaution !


SOMMAIRE

4 INFOS PRATIQUES
5 ÉDITO Principe de précaution Frank ALÉTRU
6 SAUVONS ABEILLES & AGRICULTEURS (Extrait) FEO
8 CONSERVATOIRE DE L’ABEILLE NOIRE Agir pour la préserver (AdF)
9 SIMAPI
10 Liste des exposants
11 Restauration et demande de Pass
12 Résumés des ateliers-conférences
14 APIMONDIA Cindy ADOLPHE
20 REVUE DES REVUES Traduit par Cindy ADOLPHE
22 LA RUBRIQUE DU NÉOPHYTE François MOREAU
24 CONSEILS AUX LECTEURS Jean RIONDET
26 UN TEMPS D’AVANCE Jean RIONDET & Florent GUILLAUD
32 MALADIES DES ABEILLES La paralysie aiguë 3/6 Dr Joseph HEMMERLÉ
37 SCA 4 arbres chinois à planter pour nos abeilles Y. DARRICAU
44 PLANÈTE MIEL Analyse pollinique des miels Paul SCHWEITZER
46 RECETTES AU MIEL Samossas/Barres de céréales M. DEVARIEUX / C. LAIR
49 VIE DES STRUCTURES APICOLES
52 PETITES ANNONCES
54 CHASSEURS D’IMAGES © Antonio DA COSTA
55 LIBRAIRIE Géraldine PETIT
62 BULLETIN D’ABONNEMENT