Edito de Frank ALÉTRU, Président du Syndicat National d’Apiculture et de l’Association des Apiculteurs professionnels européens (EPBA)

Le sens des mots et l’essence des maux

Elle n’est pas simple à mettre en application, cette nouvelle réglementation relative à l’éco-contribution CITEO, qui doit permettre d’améliorer l’information des consommateurs en faveur du tri sélectif des emballages. Toute la société est concernée par la gestion du devenir et du recyclage des emballages que nous utilisons ou que nous mettons sur le marché. En tant qu’apiculteurs, nous sommes directement impliqués lorsque nous conditionnons et distribuons notre miel, ou autres produits de la ruche.
Aussi, il est de notre devoir d’assumer et d’appliquer cette évolution de l’étiquetage. Nous participons et finançons le traitement de nos emballages en réglant l’éco-contribution
obligatoire. Grâce à l’obtention d’un tarif de groupe pour les syndicats apicoles, le montant à payer à la ruche est minime.
Face au pensum de plusieurs dizaines de pages présenté par CITEO, pour vous aider à appliquer ce nouvel étiquetage obligatoire sur les consignes de tri, les équipes du SNA et de L’Abeille de France ont mis à votre disposition deux articles publiés dans les numéros de L’Abeille de France de septembre et celui de ce mois-ci, ainsi que sur ses sites internet. Si besoin, n’hésitez pas à vous tourner vers votre structure ou syndicat départemental pour vous mettre en règle.
Totalement incompréhensible, et inacceptable aussi, d’apprendre que le nouveau Programme Apicole présenté par FranceAgrimer a exclu « les apiculteurs, les ruchers-écoles et les syndicats apicoles » de l’accès aux aides à la construction et au développement de la formation apicole.
Le Syndicat national d’apiculture (SNA) et la Société Centrale d’Apiculture (SCA) ont été les pionniers historiques de la formation en apiculture avec la création des premiers ruchers-écoles et sont aujourd’hui dotés d’une riche expérience de presque un siècle en matière pédagogique, théorique et pratique. La pyramide des âges des apiculteurs démontre clairement qu’il est urgent de poursuivre la construction de la dynamique de transmission des savoirs intergénérationnels et celle des exploitations apicoles. Les ruchers-écoles sont une des pépinières des futurs apiculteurs, et ils constituent aussi un tremplin vers les formations qualifiantes dispensées par les CFPPA apicoles.
Depuis la mise en place des stages de formation de formateurs des ruchers-écoles, les structures adhérentes du SNA ont régulièrement inscrits des candidats à ceux-ci. Ne pouvant satisfaire toutes les demandes, le SNA a mis en place une cession de formation complémentaire de 10 nouveaux candidats, en partenariat avec l’ITSAP.
Le sens des mots « rucher-école », valeur essentielle et inestimable, ne semble pas avoir été compris par une partie des acteurs de la filière et des décideurs, c’est vraiment grave et regrettable, d’autant plus que les sommes sollicitées sont annuellement très faibles en regard du Plan apicole dont le budget global annuel approche les 12 millions d’euros par an.
Face à un tel mépris et au déni de la réalité du terrain, le Syndicat national d’apiculture a signifié un vote défavorable à la mise en place de ce programme apicole, auprès de FranceAgrimer.
Concernant l’établissement de la liste des cultures non attractives pour les pollinisateurs, malgré nos relances multiples et nos arguments scientifiques irréfutables prouvant l’activité de butinage des fleurs de vigne et de la sécrétion de miellat sur certaines céréales par les pollinisateurs pour faire retirer ces deux cultures de la liste des plantes non attractives, les deux ministères restent sourds à nos arguments car dans l’incapacité d’apporter une quelconque contradiction. Là, encore une fois un déni du respect de la démocratie qui régit nos droits républicains.
Le SNA réfléchit aux moyens d’actions en justice pour faire cesser ce fonctionnement indigne. Les enjeux en matière de protection des pollinisateurs sont pourtant importants, et là encore, il apparaît que ceux qui s’appliquent à faire semblant de ne pas comprendre le sens des mots, génèrent l’essence des maux actuels et futurs de la filière apicole et de notre société.
Dans l’éditorial du mois dernier, nous faisions appel au bon sens des conditionneurs respectueux du miel, pour agir de façon unie contre une modification de la directive miel afin d’éviter une définition du miel au rabais qui pourrait ouvrir la porte aux multiples fraudes. Les deux principaux conditionneurs français de miel, qui eux ont bien compris le sens des mots, nous ont confirmé qu’ils partageaient nos objectifs, et acceptaient d’agir conjointement à nos côtés auprès de Bruxelles et des instances gouvernementales françaises.
D’autres conditionneurs se sont rapprochés du SNA et la liste devrait s’allonger. Les syndicats apicoles européens membres de l’EPBA vont, eux aussi, demander le même soutien auprès des conditionneurs de miel de leurs pays, afin de constituer un contre-feu européen.


SOMMAIRE

3 Édito
Le sens des mots et l’essence des maux

6 Congrès
Apimondia 2022 – Istanbul Quelques temps forts

10 Actualités

12 Revue des revues
De la tisane dans l’alimentation de vos abeilles : utile ou inutile ?

14 Pratique apicole
Anticipons les travaux de novembre 2022

18 Réponses aux lecteurs

22 Hommage à Marc GUILLEMAIN

24 La rubrique du néophyte
Évolution et impact du changement climatique en PACA

26 Éthologie
L’eau : source de vie

29 API-foresterie
Qui aime l’abeille, aime l’épine…
Des mellifères qui piquent Partie 1

36 Planète miel
Contrôle et traçabilité des produits de la ruche par la palynologie – 19

38 Société Centrale d’apiculture
L’attention, au coeur du processus d’apprentissage en apiculture

42 Insolite
Le tronc « abri-ruche » de Montorgueil

44 Vie des structures apicoles

50 Recettes au miel
– Frites de butternut au miel et épices
– Cake à la courge butternut noisette et miel

52 Petites annonces

54 Librairie

61 Abonnement & assurances apicoles

62 infos pratiques