…VSH (Varroa Sensitive Hygienic)Déjà le professeur Ruttner évoquait des colonies dans lesquelles les acariens restaient en grande partie infertiles. Prof. Marla Spivac –créatrice de la « Minnesota Hygienic » -interpréta d’une autre façon : dans certaines colonies l’infestation successive des cellules de couvain par les acariens (qui se reproduisent donc avec succès) est remarquée et nettoyée par les abeilles. Lors des examens de couvain on trouve alors, dépendant du développement de la caractéristique un pourcentage plus ou moins élevé de cellules parasitées sans jeunes acariens, donc sans progéniture. De ce fait la dynamique de propagation de la population varroa est sensiblement perturbée. Le nid de couvain de telles colonies présente en fin de saison un aspect de mosaïque, mais le couvain n’est pas forcément malade. Dans les prochaines années nous allons essayer d’examiner des peuples destinés potentiellement à la reproduction en fonction de cette propriété : Fin juillet / Début août (donc avant le traitement anti varroa principal) des portions plus importantes de couvain operculé, avec des nymphes âgées de 17 jours au moins (les yeux sont bien colorés) sont prélevées et congelés. L’analyse ainsi que le comptage des varroas peuvent alors se faire en hiver.
Possibilités, limites et causes, du pouvoir de régénération de colonies d’abeilles après des temps difficiles, la diversité dans la colonieAutant chez l’abeille individuelle que pour les groupes de supersoeurs, une propriété découle en général d’un groupe de gènes. L’effet additif développé par plusieurs gènes ainsi que leurs interactions sont connus. De même que le système de communication au sein de la ruche, qui ne se limite pas à l’activité de butinage. Les groupes de gènes, qui cumulés, produisent une propriété n’existent, au sein d’un genre, certainement pas que sous une seule forme. On doit partir plutôt du principe, que l’on arrive à trouver d’autres formes qui ont pour effet le même comportement. Sans vouloir se perdre en termes de dominance ou récessivité, une colonie d’abeilles peut, à cause de l’accouplement multiple, être la résultante d’une variation énorme de possibilités. Nous devons apprendre à comprendre qu’une telle colonie, partant de sa diversité intérieure, est capable de déclencher des réactions parant à presque tous les besoins. Ces réactions peuvent être originaires, génétiquement parlant, de l’un ou de l’autre groupe d’abeilles. La réaction comme suite à un besoin doit intervenir rationnellement, de sorte que d’autres besoins ne sont pas estompés et ne passent pas, en quelque sorte, « à l’oubli ». Ce ne sont pas les sur réactions, mais plutôt la diversité de la faculté de réaction qui sont importantes pour la survie de la colonie.
Quelques exemples que l’apiculteur qui pratique peut comprendre : tôt au printemps, toute priorité de la colonie semble être vouée à l’élevage du couvain et de collecter du pollen en conséquence. Plus tard la priorité de butinage se tourne vers le nectar,
quoique dans la nature il existe encore davantage de pollen. Hélas, les réserves de miel doivent être constituées lorsque les sources de nectar jaillissent, et pas n’importe quand. En fin de saison il devient plus important de couver la génération d’abeilles qui passera l’hiver et de défendre le trou d’envol contre les pillardes et autres ennemis. Une colonie, qui lorsque une miellée tardive de miellat (mélézitose) a lieu en septembre, n’a ni la flexibilité, ni la fertilité de couver encore une fois des nouvelles abeilles d’hiver en octobre, ne survivra pas à cette miellée tardive. Considérations semblables en ce qui concerne varroa ou hygiène. L’élevage d’un peuple qui a comme seul atout de s’accommoder des acariens (ou HYG, HYG +, etc.) est un pas. En élever une lignée ou famille stable est déjà plus difficile. A cause du risque de consanguinité, on a besoin de plusieurs variantes avec des caractères héréditaires semblables. Créer une population qui passe bien l’hiver, qui donne du miel, qui résiste aux maladies et à varroa, élever des abeilles qui pour ainsi dire « n’oublient « rien au fil des saisons et qui suscitent de façon générale l’enthousiasme de l’apiculteur, c’est ça le but. Chaque pas qui nous rapproche de ce but est un succès.

Je persiste à dire :
étant donné que la sélection naturelle impitoyable des abeilles mellifères a été posée ad acta depuis les soins donnés par l’apiculture, il devient quasiment indispensable que les apiculteurs intègrent dans leur technique apicole, à une large échelle, l’élevage sélectif selon des critères de résistance aux maladies et de vitalité. La communauté apicole, dans son ensemble, dispose à cet égard de possibilités inattendues, pourvu qu’elle ne se laisse pas distraire par des préoccupations d’ordre secondaire.


Paul Jungels Ewicht Gaass 1a, L-9361 Brandenbourg – mail: apisjungels@vo.lu